Irving Penn : le photographe dompteur de la lumière naturelle

 

Le Grand Palais nous propose une nouvelle fois une exposition très réussie sur le grand photographe Irving Penn (1917-2009).

Irving Penn est connu pour ses photographies de mode notamment pour le magazine Vogue, mais également pour ses célèbres portraits et nus, ainsi que pour ses natures mortes abstraites.

Cette exposition très riche, nous dévoile les plus beaux clichés du photographe qui usait beaucoup de la lumière naturelle pour ses portraits.

L’ exposition traite de ces nombreuses thématiques chères au photographe et déroule une scénographie, selon le schéma suivant :

 

 

Thématiques des 11 salles de l’exposition :

  • Salle 1 : Nature mortes et premières photographies de rue

Ses premières photographies dénotent un caractère documentaire et présentent des images composées, des reportages photos.

  • Salle 2 : Portraits existentiels (1947-1948)

Les portraits de personnalités sont illustrés dans le coin d’une cimaise, avec un jeu de raccourci optique ; ses portraits sont dépouillés mais emprunts de caractère, pour illustrer le mieux possible chaque figure portraituré : l’œil de Picasso, le grand Salvador Dali mis en avant, le caractère pensif et mystérieux d’Alfred Hitchcok, la gestuelle et posture de sa femme, Lisa Fonssagrives etc…

  • Salle 3 : En vogue (1947-1951)

Le photographe désormais connu pour ses portraits travaille pour la mode et réalise des photographies en studio, principalement pour des portraits, avec un éclairage naturel et un fond neutre du type décor de théâtre.

  • Salle 4 : Cuzco (1948)

Le photographe réalise une centaine de portraits d’habitants de la ville de Cuzco et des environs, pour illustrer les costumes traditionnels et mettre en scène ses sujets. L’accessoire fait de nouveau partie intégrante de l’image et ajoute une touche de discours à la figure ainsi dévoilée. Ses portraits deviennent plus psychologiques et historiques, marquant d’une empreinte un renouveau dans la photographie de l’époque, ce qui qualifiera de plus en plus son travail et sera d’ailleurs sa touche personnelle.

  • Salle 5 : Petits métiers (1950-1951)

Une des séries débutée en Amérique Latine, à Londres puis à New York qui sera l’une de ses séries les plus florissantes de sa carrière. Les modèles sont des mannequins mais aussi des artisans : boulanger, boucher, poissonnier, ouvrier etc.. Le portrait nous raconte une histoire de par sa posture, ses habits et accessoires. Tout est soigneusement pensé et retranscrit pour rendre son portrait vivant, plus proche de son spectateur.

  • Salle 6 : Portraits classiques (1948-1962)

Le photographe travaille toujours pour la mode mais également pour la publicité. Il s’inspire des éclairages et cadrages de certains peintres tels que : Goya, Daumier et Toulouse-Lautrec, pour puiser d’autres sources d’inspiration. Ses portraits deviennent plus graphiques.

  • Salle 7 : Les nus (1949-1950)

Il consacre toute une série à photographier les nus, sous différents angles. Le nu n’est d’ailleurs par toujours la première image qui apparaît. Tout est question d’observation. Son travail est plus subtil. Il utilise la surexposition, avant de blanchir à nouveau son image. Ses nus se dévoilent dans un léger sfumato blanc, comme un léger voile de lumière poétique.

  • Salle 8 : Le monde dans un studio

Irving Penn portraiture des hommes et des femmes du monde et fait voyager le public, notamment avec ses portraits réalisés en Afrique, en Nouvelle-Guinée et en Asie Pacifique. La photographie devient une image ethnographique où les figures sont portraiturées en costumes traditionnels, pour illustrer une scène de vie, par exemple lors d’un rituel et toujours avec la lumière naturelle, sur un fond neutre.

  • Salle 9 : Les cigarettes (1972)

Cette série permet de dénoncer les méfaits de la cigarette que le photographe ne supportait pas et prendre part en quelque sorte à une certaine lutte contre le tabac. Les formats plus grands insistent sur le danger de cette cigarette et malgré la sensibilité du sujet illustré, l’image révèle une part de beau dans le traitement du détail et du rendu.

  • Salle 10 : Natures mortes tardives

Quatre séries parmi les plus notables qui ont été réalisées entre 1975 et 2007 : Objets de la rue, Archéologie, Sous les pieds et Récipients. Ces compositions ont été essentiellement réalisées avec des détritus et des déchets. La nature morte très appréciée par le photographe n’est pas seulement photographiée. Elle est aussi étudiée sous la forme de croquis et de dessins. Elle devient un exercice de méditation à part entière pour le photographe. A partir d’objets dénaturés, délaissés, Irving Penn leur redonne vie en les disposant dans un espace mis en lumière, en les mettant en scène comme un objet de décoration. L’objet prend un nouveau caractère pour nous transmettre un discours ou susciter une émotion. le spectateur peut ressortir une certaine émotion en le regardant, au travers de la matière, de la lumière qui s’en dégage. L’objet devient conceptuel et libre à chacun d’y voir ce qu’il veut.

  • Salle 11 : Moments du passé

Les derniers portraits de mode y sont exposés. Ils sont nettement moins marquants que ses premiers portraits de mode ou de personnalités, mais on reconnaît néanmoins son style très personnel et son travail avec la lumière.

 

 

Pour conclure, la scénographie est parfaitement bien menée, avec des cimaises peintes en gris. Elle permet de mettre en avant les clichés en noir et blanc, et en couleur.

Seul regret, que certains portraits en noir et blanc ne soient pas mis en parallèle avec la couleur, notamment pour les sujets qui concernaient ses portraits pris en Nouvelle-Guinée et en Asie Pacifique. Les sujets très intéressants n’en n’auraient été que plus beaux encore !

 

Voici quelques clichés pour vous illustrer cette belle exposition.

 

https://www.instagram.com/p/BcFm_uKhVAS/?taken-by=ambrefield

 

L’exposition est accessible jusqu’au 29 janvier 2018, au Grand Palais. Pour plus d’informations, consultez le site Internet du Musée : http://www.grandpalais.fr/

A lire également, les ouvrages suivants sur :

  • Les natures mortes : Still Life, Irving Penn Photographs (1938-2000), Published by Bulfinch Press, Boston, 2001, 144 pages, ISBN: 0821227025
  • Les portraits : Worlds in a small room, Published by Grossman Publishers, New York, 1974, 95 pages, ISBN: 670790257

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