Bertrand Odilon Redon : une fantasmagorie de symboles et de couleurs (Grand Palais, 23 mars au 20 juin 2011)

Une très belle exposition de lithographies et de peintures qui rend hommage au peintre symboliste et coloriste Bertrand Odilon Redon (1840-1916).

Onze salles thématiques nous présentent les grands moments de la vie de l’artiste ainsi que ses influences artistiques et littéraires : « Dans le rêve, 1879 », « Edgar Poe, 1882 », « Les Origines, 1883 », « Redon et la lithographie (1879-1908) », « La nuit, 1886 », « La tentation de Saint-Antoine, 1888 », « A Gustave Flaubet, 1889 », « Songes, 1891 », « Le livre de raison », « Décor de la salle à manger du Château de Domecy (1900-1901) » et enfin « Redon et les Arts décoratifs ».

La période des noirs et blancs est d’abord présentée, avec les principales séries de lithographies empreintes de thèmes fantastiques, mystiques et bibliques. Les médiums employés sont principalement le fusain, l’eau-forte, la mine de plomb, le crayon, l’encre et la craie blanche. Les titres de ses oeuvres sont évocateurs et révèlent un début de carrière un peu tourmenté sur ses recherches dans les domaines de la pensée, de l’ésotérisme et des mécanismes du rêve : « La tête fumante », « Le noyé », « Cauchemar », « La balade des os ». On ressent la période noire, les angoisses, les questionnements existentiels de l’artiste sur la pensée, les aspects sombre et ésotérique de l’âme humaine, la vie et la mort ; les sujets sombres font souvent l’objet d’une dérision de la part de l’artiste, avec une touche humoristique.

La deuxième partie de l’exposition marque une profonde rupture dans l’oeuvre de l’artiste. A partir de 1890, il s’essaie à la couleur. On y découvre des créations autour de l’esprit des fauvistes, des nabis et des symbolistes. La peinture de l’artiste est plus sure, plus joyeuse. L’artiste a trouvé son style, a révélé son art et cela lui a permis de s’exprimer plus librement et désormais de se diversifier en tant que peintre symboliste et coloriste. Il ne quittera plus la couleur. La peinture à l’huile et le fusain deviennent alors ses médiums favoris.

A ce sujet, en 1902, il écrit à Maurice Fabre : « (…) j’ai voulu faire un fusain comme autrefois, impossible, c’était une rupture avec le charbon. Au fond, nous ne survivons que grâce à de nouvelles matières. J’ai épousé la couleur, depuis, il m’est difficile de m’en passer ».

Artiste complet, il n’a pas uniquement développé son art dans les domaines de la lithographie et de la peinture, mais également dans les décors d’intérieur, notamment pour la tapisserie. Il a travaillé en accord avec les ateliers des Gobelins sur le projet du Château de Domecy relatif à l’habillage des assises des fauteuils et paravents.

Les sujets de prédilection de l’artiste, à savoir la bible, le monde antique (centaure, pégase), le fantastique (bêtes effroyables, chimères, cyclope), la rêverie font toujours l’objet de son attention, comme au début de sa carrière. Son œuvre est illustrée par des symboles : le triangle noir et l’oeil font toujours partie de ses peintures, mais la couleur les enrichit. La figure du Christ est toujours présente, avec également celle de Bouddha, mais contrairement aux autres figures que nous pouvons voir dans ses peintures, les jeunes-filles, les femmes et autres sujets de représentations d’êtres vivants, les sujets emprunts de religiosité sont représentés de face.

Une exposition qui peut sembler un peu terne à première vue, face à toutes ces lithographies en noir et blanc, mais qui se révèle exceptionnelle lorsque l’on entre dans la seconde partie de l’espace dédié à l’artiste.

Pour plus d’informations, consulter le site Internet du musée :

http://www.rmn.fr/francais/les-musees-et-leurs-expositions/grand-palais-galeries-nationales-9/expositions/odilon-redon

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