Hommage à Jean Després et aux bijoutiers modernes !

 

Le Joailler Jean Deprès dans son atelier

L’exposition s’articule autour de sept salles : la première, très vaste est dédiée au créateur de renom Jean Després (1889-1980). Précurseur de la joaillerie art déco, il a influencé bon nombre de ses successeurs. Une petite pièce au sein de celle-ci illustre les croquis préparatoires, accompagnés de quelques photographies. L’on se retrouve ensuite dans un parcours parfaitement bien réalisé où le visiteur entre tour à tour dans six autres salles. Le travail de ses contemporains et autres bijoutiers modernes est coordonné à la première salle où les créations scintillent sous l’éclairage de vitrines en cube, accompagnées de photographies et de croquis illustratifs.

 

 

 

 

 

La scénographie parfaitement réfléchie est tout en harmonie. Dans la vaste salle dédiée à Després, l’on découvre sept magnifiques rosaces, structure en toile suspendue au niveau du plafond. La lumière traverse les installations, dévoilant un éclairage opaque. Le chiffre sept fait échos aux sept salles, à ces multiples propositions esthétiques qui nous permettent de comparer le travail de tous ces artistes et de percevoir quels ont pu être les sources d’inspiration et les enjeux de la joaillerie à l’époque, malgré les deux guerres et des périodes plus ou moins propices au développement de cet art.

 

Després d’abord dessinateur industriel, s’oriente vers une carrière d’orfèvre dès 1918. Son œuvre se caractérise par le travail du métal dans son état brut, en masse avec des objets qui deviennent des sculptures très graphiques, fortement inspirées par le constructivisme, le cubisme, et le futurisme de l’époque. Le dessin industriel, la mécanique notamment le développement de la vitesse, les chemins de fer, l’automobile, l’aviation et toutes les nouvelles technologies ont été de grandes sources d’inspiration pour Després.

 

 

Sa collection de bijoux moteurs présentée dans la première vitrine nous montre à quel point les formes en cylindre, les bagues boulons, sujet favori du joaillier et autres créations ont été fortement inspirées par la mécanique. Il oppose la masse de la matière aux pierres précieuses telles que : le jade, le corail, le vermeil, l’amazonite, l’onyx noir, la citrine, la malachite, la turquoise, la calcédoine, la chrysoprase et la laque qui se retrouve très présente dans son oeuvre. Son dessin simple se construit autour de lignes, d’ovales, de cercles et de triangles en rapport avec le goût esthétique et les artistes de l’époque tels que Sonia Delaunay, Fernand Léger.

 

La scénographie de la salle Després est compartimentée avec des vitrines disposées en parallèle, puis centrale, comme de gros blocs, faisant échos à son travail sur le métal. Deprés l’a dit lui-même : « Je ne suis pas joaillier, je ne travaille pas en finesse mais en force ». Mais encore : « La mécanique impose une discipline toute moderne de précision et de robustesse ainsi que le rejet de ce qui inutile et compliqué ».

 

A partir des années 1935-1937, ses créations sont plus graphiques et colorées. Després collabore notamment avec un céramiste : Jean Mayodon (1893-1967). Son travail évolue. Ses objets (broches, médaillons, boutons de manchettes, vaisselles) deviennent des tableaux illustrant de petites scènes de genre. Sa collection de broches et de boites à cigarettes en argent, laque et glace peinte (1930-1932) est très réussie. Mais Mayodon n’est pas le seul artiste avec lequel Després collabore.

 

 

Il a également travaillé avec Etienne Cournault (1891-1948) qui se chargeait de concevoir la glace peinte de ses créations, collaboration de laquelle on retiendra un très joli pendentif représentant un nu abstrait qui nous fait penser à un tableau de Matisse. Després réalisait la monture des objets : « J’adore le métal, vous n’imaginez pas à quel point j’éprouve à le voir se courber sous l’enclume, grincer sous l’étui ».

L’œuvre de Després ne se limite pas aux bijoux mais à tout ce qui touche le quotidien, l’art de la table, les objets religieux. C’est en cela que ce créateur exceptionnel est un des plus grands orfèvres de cette période.

Dans la deuxième salle, le travail de Jean Dunand (1877-1942) est présenté. Qualifié d’artiste complet, il a travaillé en tant qu’ébéniste, décorateur et a employé la laque dans ses créations. Ses compositions parfois étranges sont séduisantes.

Dans la troisième salle, c’est le travail de l’orfèvre Gérard Sandoz (1902-1995) qui est mis en lumière. Ses compositions sont très architecturées, géométriques, cubiques à plans décrochés. Ses bijoux sont travaillés comme des sculptures. Les matériaux et les couleurs s’équilibrent dans une gamme esthétique.

Dans la quatrième salle, le travail de Jean Fouquet (1899-1984) est illustré. Son oeuvre se caractérise par le traitement de la forme aux lignes épurées, par le travail en épaisseur du métal qui contraste avec celui de la pierre précieuse tout en finesse.

Dans la cinquième salle, le travail de Raymond Templier (1891-1968) nous est dévoilé. Surnommé « l’architecte du bijou », ses créations illustrent un certain raffinement, une rigueur et un équilibre en couleurs et matière. Le noir et le blanc s’opposent au brillant et mat. Les formes sont plus complexes que chez ses prédécesseurs, avec des systèmes d’ouverture à clip et interchangeables.

Dans la sixième salle, les travaux de la Maison René Boivin et de Suzanne Belperron (1900-1983) nous sont présentés. Les créations de la Maison Boivin sont esthétiques et originales, notamment avec la collection de colliers et boucles d’oreilles irradiantes en argent et mosaïque de miroirs (1932-1933). L’oeuvre de Suzanne Belperron se caractérise par des formes proches du végétal : enroulements, volutes et motifs tournoyants, sans doute fortement inspirées par la période art nouveau.

Dans la dernière salle, ce sont les joailliers de la Place Vendôme qui sont présentés : la Maison Dusausoy, la Maison Boucheron, la Maison Cartier et la Maison Van Cleef. Pour clôturer cette exposition, des créations des plus luxueuses nous révèlent la perfection technique et esthétique de la joaillerie actuelle.

 

 

C’est un choix judicieux de la part des commissaires d’exposition d’avoir présenté l’exposition d’abord en hommage à Després puis à ses contemporains, afin de montrer l’influence que celui-ci a pu avoir sur ses sucesseurs. Je félicite leur travail et celui des scénographes. C’est une exposition très réussie !

 

  • Commissaires d’exposition : Mme Dominique Forest, Mme Melissa Gabardi, Mme Laurence Mouillefarine et Mme Evelyne Posséné
  • Scénographe et architecte (respectivement) : Mme Brigitte Fryland et M. Marc Barain

 

Une exposition très réussie ! Un très bel hommage à la joaillerie art déco et d’avant-garde parisienne.

L’exposition se tient actuellement à l’Union centrale des arts décoratifs et sera accessible jusqu’au 12 juillet 2009.

Pour obtenir des informations supplémentaires sur l’exposition, consulter le site internet du musée : www.lesartsdecoratifs.fr

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