La malle selon Vuitton : entre emballage fonctionnel pour les voyages et accessoire de luxe (Musée Carnavalet, du 13 octobre 2010 au 27 février 2011)

Le visiteur est surpris de voir une telle exposition au Musée Carnavalet, certes réputé comme musée d’histoire, mais pas comme musée de la mode ou de l’artisanat d’art. Le Musée Galliera étant fermé, (jusqu’à quand ?? Peu d’informations à ce sujet ou celles-ci sont-elles volontairement brouillées ?) seule, subsiste l’Union Centrale des Arts décoratifs et son département de la mode qui pourrait présenter une telle exposition. Pourtant, le Groupe LVMH partenaire principal à l’initiative de cette exposition et la Ville de Paris ont fait le choix du Musée Carnavalet.

Cette exposition, rétrospective sur Louis Vuitton (1857-1936) et sa famille, est répartie en dix salles thématiques et retrace l’histoire de la Maison (des débuts de Louis Vuitton à Paris chez le Maréchal Layetier, emballeur ; photos, dessins et premières créations notamment avec la « Malle bombée « (1865), à la période actuelle). Elle dévoile parmi des créations de luxe les plus audacieuses et des propositions de malles les plus originales : des malle-armoire ou « wardrobe » (créée en 1876), malle-cabine, malle-lit de campement (avec ou sans matelas), malle-auto, malle pic-nique à la malle-bureau, malle-courrier, malle-pharmacie et malle-chirurgie. Les objets-contenants deviennent très fonctionnels et permettent non seulement de contenir plus d’affaires personnelles (la mode du « Keepall » est lancée dans les années 30) mais d’apporter plus de confort (malle-lit, malle-bureau) et de sécurité (matériau plus léger, souple et résistant aux chocs).

Le visiteur tente de comprendre les liens qui ont pu unir la Maison Vuitton à l’histoire de la Ville de Paris et aux événements culturels ; liens qui ne sont pas toujours clairement définis notamment entre les salles 3 et 4 pour illustrer la participation de la Maison Vuitton dans les diverses expositions universelles avec notamment les créations de véhicules aériens des jumeaux Pierre et Jean. Quel rapport avec l’emballage ? Les innovations technologiques, les transports et l’adaptation des contenants pour faciliter les voyages aux femmes comme aux hommes en répondant à une certaine élégance ; principaux soucis de la Maison Vuitton. Les expositions universelles comme tout autre événement de ce type, à l’époque à Paris, sont l’occasion de diffuser ses modèles au-delà des frontières et de révéler les créations les plus remarquables.

Le style Vuitton se caractérise par des matériaux nobles (du cuir de vache, de crocodile ou d’éléphant, toile gris trianon (couleur de prédilection de Marie-Antoinette), de l’étain, du cuivre et du bois de hêtre et de peuplier), par les initiales L & V (losange contenant une fleur quadrifoliée évidée, une fleur quadrifoliée pleine et un rond encerclant une fleur quadrilobée évidée – symboles tirés de l’iconographie médiévale et japonaise), par une esthétique inspirée des mouvements De Stijl et Art déco. Le soucis de la fonctionnalité et du détail sont des aspects à ne pas négliger : les pièces métalliques sont travaillées comme des pièces d’orfèvrerie, serties de clous ronds polis, les serrures sont gravées des initiales de la marque, les charnières ajustées précautionneusement sur le cuir.

La scénographie est surprenante : la fleur quadrilobée et le losange, signes distinctifs de la marque se retrouvent sous la forme d’une cimaise dès la deuxième salle avec des installations vidéos et lumineuses présentes tout au long de l’exposition. Une structure en casiers superposés fait échos aux mallettes à casiers et tiroirs de la Maison Vuitton et se retrouvent dans toute la dernière partie de l’exposition (période moderne, salles 8 à 10) : « faire des étalages » était pour Vuitton une manière de mettre en scène l’objet.

Une exposition à découvrir tant par l’ingéniosité des créations, d’objets rares, d’emballages uniques que pour la scénographie. Cette exposition aurait d’ailleurs pu s’intituler : « Vuitton et l’art de la malle » ou « Vuitton : chercheur en bagagerie » !

Pour plus d’informations, consulter le site du Musée Carnavalet :

http://www.paris.fr/portail/loisirs/Portal.lut?page_id=6468&document_type_id=2&document_id=89382&portlet_id=14627

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